[TSF] Interview croisée : le CIAM & Banzaï Lab reviennent sur leur Transfert de Savoir-Faire

0
946
Vues
Share on Facebook
Tweet on Twitter

En 2017, le CIAM (Centre d’Informations et d’Activités Musicales) et le label Banzaï Lab ont bénéficié de la mesure « Transferts de Savoir-Faire » coordonnée par CO – Culture Richesses Humaines, dans le cadre du Contrat de Filière « Musiques Actuelles et Variétés » 2017-2019 en Nouvelle-Aquitaine. Ancré dans les musiques électroniques et urbaines, Banzaï Lab a pu apporter ses compétences pour aider le CIAM à développer les formations proposées à ses élèves?

À propos de la mesure « Transfert de savoir-faire » :
Le transfert de savoir-faire entre les acteurs vise à créer un maillage de compétences mobilisables et capitalisables, permettant d’impulser une montée en compétence générale du secteur et des partenariats de court et moyen terme entre les organisations. L’objectif est de contribuer au développement d’un écosystème créatif régional dynamique et interactif (organisation apprenante, professionnalisation de pair à pair…).

Stéphane Alaux, directeur du CIAM et Matthieu Perrein, directeur de Banzaï Lab, ont accepté de répondre à nos questions sur leur transfert de savoir-faire.

… Retour sur leur coopération …

 

RIM : Pourriez-vous nous présenter votre structure ?

Stéphane : Le Ciam est un centre formation professionnelle pour techniciens et musiciens. Il oeuvre tant sur le domaine de la formation professionnalisante et qualifiante que de la formation continue des professionnels en cours d’emploi.
C’est une des écoles musiques actuelles historiques, créée au début des années 80, dans le but d’offrir une alternative au conservatoire pour les musiciens désireux de développer leurs compétences en vue d’une professionnalisation.

Matthieu : Banzai Lab est un projet issu de l’association ASIL, l’idée a émergé en 2004 d’un collectif artistique souhaitant dépasser les clivages entre musiques électroniques et pratiques instrumentales traditionnelles d’une part et permettre la pérennisation des artistes et techniciens impliqués d’autre part. Tous les membres étant des musiciens, souhaitant s’insérer professionnellement dans leurs domaines de compétences artistiques, la structuration du projet Banzai Lab s’est faite de manière empirique en permettant progressivement aux adhérents et membres fondateurs de disposer d’un outil collectif au service du projet associatif « La création, production, promotion et diffusion de projets artistiques interdisciplinaires ». Le projet se polarise depuis 2017 autour d’un pôle phonographique, d’un pôle de production et diffusion d’événements, d’un pôle de soutien au développement artistique et d’un pôle de gestion administrative des projets artistiques et de la carrière des musiciens. Un Pôle Promotion & création audiovisuelle voit le jour en 2018 et un pôle Booking début 2019. Le dispositif accompagne aujourd’hui, selon des modalités spécifiques, une vingtaine de projets artistiques et les acteurs artistiques et techniques investis.

RIM : Pourquoi avez-vous mis en place un transfert de savoir-faire ?

Stéphane : L’école est aujourd’hui confrontée à bon nombre de mutations tant sur le champ de la formation que sur celui des usages musicaux du public.
Un des enjeux identifié est la prise en compte des pratiques musicales électroniques et urbaines, induisant de nouvelles approches pédagogiques, de nouveaux outils et démarches de création, mais aussi de nouveaux vecteurs de professionnalisation.
Pour pouvoir nous emparer de cet enjeu de la manière la plus pertinente et actuelle, nous avons fait le choix de nous tourner vers une structure experte en la matière afin non seulement d’être sensibilisés à la réalité  de cette culture, mais aussi d’être en capacité d’anticiper ses évolutions et de développer des dispositifs de formations innovants et prospectifs.

Matthieu : Nous développons depuis 2 ans des modules spécifiques de formation à destination de diverses publics (Environnement Professionnel d’un projet musique, Ecosystème des musiques actuelles, la digitalisation de la production musicale, les outils libres de l’audio numérique, etc). Le renforcement capacitaire de l’ensemble des acteurs nous semble être un facteur crucial de la maturation de la filière, nous sommes issus du renforcement capacitaire initié par des structures comme la Pépinière du Krakatoa, qui nous a soutenu au lancement du projet Banzai Lab il y a 10 ans, il nous semble donc légitime de perpétuer cette démarche de « passeur de savoir » avec les structures de notre territoire. Par ailleurs, la démarche du CIAM nous a semblé saine et pro-active, la sollicitation d’une structure réputée du territoire de la Nouvelle Aquitaine vis-à-vis de Banzai Lab, comme structure ressource, nous semble constituer une reconnaissance du travail accompli autour d’esthétiques novatrices, de notre logique de partenariats inter-filière et  de notre principe de réalité vis-à-vis du secteur, mis en oeuvre depuis le début du développement du projet Banzai Lab.

« Le fondement d’un point de convergence, moteur du co-développement de nos projets de structure. »

RIM : Que vous a apporté la mesure TSF ?

Stéphane : Ce dispositif nous a vraiment permis de catalyser notre dynamique de rapprochement et de créer des temps dédiés à l’exploration de notre démarche.
Cela nous a apporté un cadre favorable à la découverte et à l’ingénierie qui nous ont permis d’établir un véritable périmètre d’expérimentation, non seulement relatif à notre champ d’action, mais aussi via un prisme plus large du fait de notre implication respective dans le cadre du RIM.
En effet, nous avons pu extrapoler notre réflexion à l’échelle d’une vision globale de l’évolution de la filière, et pu optimiser notre cartographie de projet.
Ce rapprochement nous a aussi permis de travailler ensemble à l’évolution du titre certifiant MIMA porté par la FNEIJMA dont le Ciam est aussi adhérent et a contribué à l’évolution de ce titre professionnel national dans la considération des pratiques musicales électroniques et urbaines.
Ainsi, cet étage de qualification est aujourd’hui adapté à la qualification des musiciens évoluant sur ces pratiques, sur lesquelles rien n’existait auparavant en la matière.
C’est donc clairement une avancée structurante pour la filière, au-delà de celle qu’elle représente pour le CIAM comme opportunité de réinvention et d’évolution pour ses adhérents comme pour son équipe.

Matthieu : Ce TSF nous a permis de mieux saisir l’environnement et les enjeux des structures de formation professionnelle, notamment vis-à-vis de leur capacité à réinterroger leurs certifications pour les mettre en phase avec les mutations du secteur.
Enrichis de notre double altérité, ce TSF peut enfin être l’amorce d’une coopération plus poussée de cette expérimentation entre le CIAM et Banzai Lab, avec une perspective de développement d’un département spécifiquement dédié aux musiques numériques au sein de l’offre de formation du CIAM. Le fondement d’un point de convergence, moteur du co-développement de nos projets de structure.